-
A l'époque (fin des années 60), je
m'acheminais vers la trentaine. Sans trop savoir qui j'aimais, ni qui
m'aimait. Je résidais en Avignon et fréquentais la famille Surtel,
à Carpentras : Paul Surtel, peintre dit le Corot provençal
(1893-1985), son épouse Elia, prof de lettres et conférencière,
leurs trois fils dont Pierre, celui du milieu, alors élève aux
Beaux-Arts d'Avignon, et auquel j'étais très
attaché. Et vice versa.
-
D'autres figures lointaines
auréolent cette amitié exclusive : Danièle, Bernadette,
Dominique... Que sont-ils devenus ? Il y avait aussi ce garçon au
visage mythique, ceint d'une barbe et de boucles brunes. J'ai oublié
son nom, comme on oublie un fantasme qui n'a ni corps ni esprit, mais
vous trouble à jamais.
-
C'est là qu'intervient Julien
Green (photo), écrivain américain d'expression française, dont
l'oeuvre conséquente traite du mal d'aimer : Terre lointaine,
Moïra, Chaque homme dans sa nuit, Sud, Leviathan... Elia Surtel, toujours à
l'écoute, est venue à mon secours en m'indiquant cet auteur,
lui-même tourmenté.
|
|