Déjà, l’an dernier, « Les plaideurs » et Racine étaient tout juste épargnés par l’orage. Ce mercredi soir, la pluie a momentanément arrosé « Les bourgeoises à la mode » de Florent Carton, dit Dancourt. Imperturbables, tandis qu’un vent impertinent chahutait le décor et les costumes, les comédiens ont continué de jouer, devant un public captivé. Attachante à plus d’un titre, cette soirée théâtre accueillait la Compagnie Dancourt, fidèle aux Polymusicales depuis 2008.

Cela crée des liens. Or, l’édition 2015 serait la dernière à Bollène pour Daniel Dancourt : « Après 60 ans de carrière et plus de 300 rôles, je cesse de jouer pour me consacrer à la mise en scène et donner des conférences sur le théâtre que personne, au fond, ne connaît vraiment. »

Une pièce réécrite en alexandrins

Lui, il sait de quoi il parle et n’hésite pas à transformer à son gré. Ecrites en prose en 1692 par un émule de Molière, « Les bourgeoises à la mode » ont été réécrites, en deux mois, en vers alexandrins par… Daniel Dancourt ! D’un Dancourt à l’autre (l’homonymie n’étant qu’un hasard), la pièce en cinq actes y gagne en pertinence et en rythme. Ce chassé-croisé d’épouses infidèles, sur fond de magouilles usurières, est un délice du genre. Dix excellents comédiens, dont Daniel Dancourt, y sont à l’aise.

Et pourquoi tant de privilège pour le répertoire classique ? La réponse fuse : « Parce les modernes tels qu’Anouilh, Achard ou Giraudoux sont devenus injouables à cause du coût des droits d’auteurs et de l’exigence des héritiers. C’est devenu un business dégoûtant ! »

Ce vendredi soir 24 juillet, la Compagnie Dancourt joue encore « Une femme fidèle », un nouveau panachage de morceaux choisis, axés sur la séduction au XIXe siècle, et puisés chez Victorien Sardou et Henry Becque. A suivre.