La
rigidité n’est pas de mise à Giono. Un programme parascolaire
musarde volontiers, précisément par les chemins dits des écoliers. Il
s’enrichit d’intermèdes ponctuels, en un lieu prédestiné, nommé
BCD (Bibliothèque Centre Documentation), une sorte de carrefour où défilent
des actions pédagogiques autour d’une exposition artistique ou
d’intervenants extérieurs.
L’option
« lecture-goûter » s’y égraine à raison d’une fois
par trimestre. Les classes élémentaires se succèdent, les parents
aussi. Justement nommée « Coup de Cœur », la dernière
rencontre a provoqué l’affluence autour de trois lectrices, basées
du côté de Carpentras : Hélène Delbart, Catherine Bénard et Frédérique
Lapierre.
Bien
qu’elles s’en défendent, ce sont aussi des conteuses qui vivent
leur lecture, la théâtralisent au point de planter un décor qui
titille l’imagination des enfants. Un message humaniste éclaire
l’histoire. En l’occurrence celle de Madassa (Edition Sarbacane,
Paris), jeune émigré illettré, dont la tête ne laissait place à
aucun mot. Il est en proie aux peurs multiples qui agitent le monde et
qu’il ne sait donc clairement identifier. L’apprentissage de la
lecture le libère. Il picore, ici et là, des mots chez le Petit Poucet,
le Petit Prince ou la Petite Marchande d’allumettes. Il les rassemble
à sa façon et, comme le lui déclare, stupéfaite, la maîtresse d’école :
« Mais tu es un poète ! »
Ce
n’est là qu’un exemple qui nous a convaincus. A charge pour nous de
participer, courant mai, à la prochaine lecture-goûter, où la saveur
des mots le dispute à celle des gâteaux faits maison et des boissons
rafraîchissantes, apportées par les familles.