Chaque
printemps, les quatre
conférencières attitrées du cycle « Recherche
à la source » retrouvent leur public à la bibliothèque
municipale. Le
troisième volet était consacré à Annie Tissot-Dupré. Axée
sur le thème de l’ailleurs,
l’édition 2015 lui a suggéré de parler des « Gitans
d’hier et d’aujourd’hui ». Un choix
d’autant plus évident qu’elle rentre d’un superbe
voyage en Inde du nord Rajasthan, « là même où
certaines légendes auraient trait au berceau des Gitans »,
argue-t-elle.
D’autres
sources la situent dans les Balkans au cœur du 14ème
siècle. Aussi vastes qu’approximatives, les origines des
Gitans échappent aux historiens. « Ils ne leur ont
consacré aucuns livres sérieux, tout se transmet dans
l’oralité autour du patriarche qui écarte toute mésalliance »,
explique la conférencière. Mais son talent de conteuse, vêtue
d’une tunique en tissu imprimé indien batik, semble la
faire témoin d’un vécu, glané dans des ouvrages et
comparé à ses propres pérégrinations.
Elle se fraie un passage auprès des Tsiganes,
Manouches et Rom. Ils étaient musiciens, montreurs
d’ours, rempailleurs de chaises et tentaient d’échapper
aux persécutions en véhiculant leurs traditions en
roulotte.
Jusqu’à ce
que certaine sédentarisation freine l’errance et ne
rassemble aujourd’hui de confortables caravanes, en
pèlerinage en mai aux Saintes-Maries-de-la-mer. Las des
terrains vagues ou aires légales (dont le nombre se limite
à 350 en France), les plus casaniers hasardent
aujourd’hui des constructions en dur, plus ou moins illégales.
A défaut de permis de construire et devant le risque de démolition,
la conteuse se fait l’avocat de l’errant, penche la tête
en souriant et abat cet ultime atout : « Au
fond du jardin, il y a toujours la roulotte ! »
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