Fort bien
inspirée, la bibliothèque municipale accueillait, ce soir-là, Luigi
Rignanèse, conteur et troubadour utopique à souhait. Ceci pour mieux
appréhender les coups tordus du quotidien. « J’improvise
toujours en fonction du public mais sans faire du n’importe quoi »,
nous a-t-il confié avant son numéro. Or un imprévu a bouleversé
cette option déjà aléatoire. Faute d’enfants parmi l’assistance,
auxquels il destinait « Les aventures de Vardiello, ex-roi des
nigauds », l’artiste en goguette a bifurqué vers d’autres
extravagances : « C’est un mélange de contes
merveilleux et de récits de vie. »
Une part
autobiographique le dispute donc à la structure du rêve. Le mélange
les époques ressuscite les morts qui côtoient les vivants. C’est
l’occasion d’un hommage posthume au père tant aimé lors d’une
expédition abracadabrante. On y croise le mage aux lanternes au fond de
la caverne, le conteur égaré sautant dans le premier train, les
bourgeoises intolérantes au bar du TGV, le géant à la barbe en fer
rouillée du château de Forcalquier, la shampouineuse aux gros seins,
les deux sœurs pucelles et nonagénaires d’une haute tour moyenâgeuse…
Le tout
est ponctué d’éclats musicaux avec des instruments anciens du
sud de l’Italie, guitare, nimi-orgue à soufflet et tambourin. Entre
autres sources, Luigi Rignanèse dit s’inspirer aussi de « Femmes
qui courent avec les loups », ouvrage dû à Clarissa Pinkola
Estès. Mais qu’importe ! D’où que cela vienne, l’on
chevauche délicieusement des chimères qui sont l’envers du
quotidien.
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