« En
vieillissant, les hommes pleurent ». C’est du moins le titre
du dernier roman de Jean-Luc Seigle (Flammarion), Grand Prix RTL-Lire
2012, accueilli par Evelyne Samson à la bibliothèque municipale pour
une rencontre avec le public.
Et
pourquoi pas vieillir en riant ? Nous avons soumis au romancier la
réplique d’une amoureuse déchue dans un téléfilm : « Le
privilège de l’âge est de rire de ce qui nous a fait pleurer »
Rompu aux fictions télévisuelles, l’homme de lettres, qui est aussi
scénariste, rétorque : « C’est dit par une femme. L’homme
pleure plutôt de n’avoir rien compris devant le temps qui s’échappe
à tout jamais. » Mais l’âge, c’est aussi la sagesse,
voire l’acceptation de la mort ? « Sans doute, mais ce
n’est pas le sujet de mon roman », insiste Jean-Luc Seigle.
Cet
entretien, à côté de la plaque, précédait le débat qui nous
situait dans les années 60. Le monde bascule, sur fond de guerre
d’Algérie. Albert, quinquagénaire désabusé, renie la société de
consommation, survit à l’onde de choc. « L’écriture est
un testament, lié à la mort », dira le romancier humaniste
qui se souvient aussi « de son grand-père, meurtri mais
silencieux sur la guerre de 14-18 ». Consciencieusement, il
avouera s’être d’abord recueilli devant le proche Monument aux
Morts bollénois, avant d’ouvrir le débat à la bibliothèque :
des hommes en pleurs à la recherche du
temps perdu. Cette quête du passé n’est pas nouvelle. Marcel Proust,
pleurait-il, lui aussi ?