L’atelier
Arakélian dans les années 60 emploie
alors de nombreuses ouvrières bollénoises.
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Située
en bordure de la rue de la Paix, a proximité du n° 90 qui est celui
d’une ancienne fabrique de vêtements, la place de la Feuillette vient
de changer de nom. Samedi dernier en fin de matinée, le dévoilement
d’une plaque révélait cette nouvelle appellation : « Placette
Arakel Arakélian, entrepreneur bollénois (1895-1983) ».
La
foule est dense. Outre les Bollénois et leurs élus, une large
communauté arménienne est venue de Marseille, Antibes, Avignon et
Valence. Tous rendent hommage à la ténacité d’un rescapé du génocide
arménien, puis d’un survivant de Dachau, immigré à Bollène et créateur
d’une entreprise de confection vestimentaire.
Son
parcours saisissant apparaît au travers des allocutions de Claude Raoux
(premier adjoint), Marie-Claude Bompard (maire), Corinne Testud-Robert
(conseillère départementale), Didier Parakian (petit-fils
aujourd’hui adjoint au maire de Marseille), Arthur Arakélian et Suzy
Parakian (frère et sœur et fils d’Arakel), et des arrière-petits-enfants
de la quatrième génération. Le tout sera ponctué par la bénédiction
du prêtre arménien Komitas, venu de Marseille, et une musique arménienne,
jouée par un détachement du conservatoire.
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Un
visionnaire leader du blue jean
Voici
la synthèse du panégyrique collectif. Arakel Arakélian fuit le
génocide arménien perpétré en 1915 par les Turcs. En 1921, il
arrive à Marseille et travaille dans une usine pour matériel
ferroviaire. Puis il remonte la Vallée du Rhône. En 1933,
c’est le coup de cœur pour Bollène, ville chrétienne où réside
déjà une communauté arménienne. En visionnaire et bientôt
leader du blue jean, il crée un atelier de confection de vêtements.
Mais en 1944, de passage à Lyon chez un fournisseur, il est raflé
par la Gestapo, torturé et déporté à Dachau. Il y reste 13
mois, échappe au four crématoire grâce à une prière arménienne
qui, dira-t-il, l’a protégé.
Libéré
en avril 1945 par l’armée américaine, il rentre à Bollène. Dévasté,
il ne pèse plus que 37 Kg. Le Ministère des Anciens Combattants
lui rend hommage par un diplôme. Il reprend son activité qui se
développe avec la collaboration de ses enfants Jean, Suzy et
Arthur.
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Cérémonie
en présence des Familles Arakélian et Parakian,
des élus et diverses personnalités.
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Dévoilement
de la plaque |
Le
label New jean
L’économie
bollénoise en bénéfice, de nombreuses ouvrières travaillent
chez Arakélian qui, entre autres, habille les corps constitués
tels que les sapeurs-pompiers ou les fanfares. Deux boutiques de
prêt-à-porter sont créées à Bollène (Vaja) et Orange (Gérard
et Suzy). Dans les années 60, les fils Jean (aujourd’hui
disparu) et Arthur prennent la relève. Le label « New jean »
fait un tabac. Jean quitte Bollène et crée sa propre affaire à
Avignon. Arthur poursuit seul la sienne à Bollène. Les années
80 sont celles de la régression. L’atelier ferme en 1988.
Presque
trois décennies plus tard, Bollène se souvient toujours, au
point de graver l’empreinte d’un de ses fils adoptifs sur une
place qui porte son nom. D’où l’infinie gratitude des
familles Arakélian et Parakian, associées au destin des Bollénois.
Un
extraordinaire buffet à l’hôtel de ville, avec d’excellentes
spécialités arméniennes arrosées de champagne, a conclu cet épisode
qui a fait dire à Madame le maire : « Les Bollénois
ont accueilli des familles arméniennes, l’assimilation s’est
faite sans voitures brûlées, sans pression communautaire, ni
atteinte au mode de vie des Français. » Précisément,
le cas pourtant difficile d’Arakel Arakélian reste un modèle
d’intégration.
J. P.
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Le tout-Bollène,
la communauté arménienne et un détachement du conservatoire sont là.
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Bénédiction
et rassemblement des proches
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Suzy Parakuan
Arthur Arakékian
Didier Parakian
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La quatrième
génération
Marie-Claude Bompard (maire)
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Un
extraordinaire buffet à l'hôtel de ville
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Arthur
Arakélian, son fils Lionel et Marie-France
Nerssessian (municipalité)
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Monsieur et
Madame Arakélian... peint
par Jean Pavillet dans les années 70 (j'étais peintre à l'époque !)
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