Et si nous
n'avions plus d'eau potable ? Envisageant le pire, l'association Aménager sans nuire à
Bollène et ses environs (ASNB) réagit suite au
projet
d'installation d'un méthaniseur sur des terres agricoles inappropriées au quartier
de La Tapie à Mondragon. Une telle usine supposerait l'apport annuel de 18 000
tonnes de matières organiques et l'épandage d'autant
de digestats suspects sur des centaines d'hectares.
Le tocsin a donc sonné lors d'une réunion publique à
la salle des fêtes de Mornas. Un large auditoire
directement concerné y était confronté à un possible
schéma catastrophe, causé par des risques multiples
: crues du Lez et du Rhône, séismes, cuves de
camions fuyantes ou renversées, etc. Les
conséquences du dérèglement climatique n'arrangent
rien. Entre autres, à long terme, elles réduiraient de 30 à 40% le
débit du Rhône.
Voilà qui
concerne les 72 000 habitants d'une quarantaine de communes, alimentées
avec 1368 kilomètres de canalisations par le
Syndicat Rhône-Lez-Ouvèze (RAO) qui exploite 8
champs de captages dont les puits de Mornas
fournissant 70% d'eau puisée dans la nappe alluviale
du Rhône. La mise en danger d'un tel dispositif a
déjà nourri une longue polémique (voir éditions
antérieures). S'y ajoute ici l'intervention de deux
éminents spécialistes.
Les voix
opposantes
Georges
Truc, hydrogéologue et ex-enseignant à la faculté
des sciences de Lyon, a expliqué la notion
d'hydraulique souterraine, liée au fonctionnement
des nappes d'eau liées au Rhône et à la plaine de Mondragon et Mornas. Il a évoqué les
caractéristiques du site de captage du Grand Moulas,
l'influence des aménagements de la CNR (Canal de Donzère-Mondragon,
retenue de Caderousse), les canaux de dérivation,
des 19 barrages du Rhône, etc.
Françoise
Beaumont, ingénieur de l'agriculture et de
l'environnement, a déployé l'aspect administratif,
la règlementation dans le périmètre concerné,
l'interdiction d'activités dégradantes pour la
qualité de l'eau, etc.
Autres
interventions : celles de Katy Ricard, maire de
Mornas, qui réaffirme son soutien apolitique.
Lequel est conforté par ceux de
Jean-Marie Triat,
ancien hydrologue mornassien, Denis Maucci,
président d'ASBN, Serge Bastet, agriculteur,
Hubert Pradier, ancien maire de Mondragon, et
d'autres voix parmi l'assistance. Devant la
catastrophe encourue, tous regrettent communément
l'apathie du Syndicat RAO et l'absence de son
président Christian Peyron (maire de Mondragon),
cependant invité au débat. Une étude plus poussée du
désastre probable manquerait encore au verdict d'une
enquête publique, cautionnée par la préfecture.
L'usine à méthanisation verra-t-elle le jour ou
sera-t-elle utilement reléguée aux oubliettes ? La
saga est loin d'être close !
J. P.