Après le cap de la cinquantaine, l’artiste fait
son bilan. Entouré d’amis, ce soir-là, il fête son anniversaire et leur
montre son travail : huit grands formats, peints d’arrache-pied dans des
conditions héroïques. « J’ai récupéré des panneaux
publicitaires, je les ai découpés et j’ai peint dessus une série de
tableaux » explique-t-il.
Ces supports inattendus sont plus une aubaine
qu’un choix délibéré. Alain Godéreaux travaille sous les toits, au dernier
étage d’une demeure bourgeoise au confort relatif. Il n’a pas toujours les
moyens de s’offrir des toiles tendues sur châssis. Digne d’un décor de la
Bohème, de Puccini, son atelier est aussi un lieu de rencontres entre amis,
plus ou moins versés dans les arts.
Voici ses hôtes confrontés à de vastes
camaïeux ocres, rehaussés ici et là de touches bleu turquoise. « Cela
s’appelle Entre sable et terre », leur dit-il. Effectivement, une
technique mixte (acrylique et collage) accrédite cette idée, par ailleurs
nourrie d’une enfance vécue au Maroc, son pays natal, puis d’un séjour en
Polynésie. Mais un parti pris minimaliste, voire abstrait, désoriente le
visiteur qui, privé d’attraits exotiques, n’ose hasarder un commentaire.
« Libre à chacun d’y voir ce
qu’il veut », dit alors l’artiste en pareil cas. Profitons-en pour
miser sur la sincérité du peintre qui explore son vécu avec des ocres
marocaines et des bleus polynésiens. Des œuvres figuratives, antérieures
à celles d’aujourd’hui, n’engageaient pas autant sa personnalité.
Reste à attendre un juste milieu,
fun style plus accessible à tous, qui déclenche tout de suite l’émotion. A guère plus de 50 ans,
l’exploration est loin d’être close. Grosso modo, bien sûr au-delà des
mots, c’est peut-être ce que sont venus dire les amis autour du cordial
buffet.
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Une inauguration officielle est prévue
vers la mi-juin. D’ici là, une visite permanente de l’atelier reste
possible, au n° 322 de la rue Jean Jaurès, à Mondragon. Contact :
06.68.53.23.13.