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C’est là qu’on fait la différence. Il y a théâtre et théâtre. Des troupes de comédiens amateurs nous réjouissent souvent, ici et là, et méritent notre estime. Et puis il y a d’autres amateurs qui travaillent comme des pros. Ils ne nous réjouissent plus. Ils nous bouleversent.

Ce cas de figure nous renvoie à l’Atelier Théâtre de Bollène qui, en octobre 2009, présentait sa première d’Antigone de Jean Anouilh, à Mondragon, via le Comité des fêtes. Même topo aujourd’hui au même endroit, avec cette autre première de Roberto Zucco, de Bernard-Marie Koltes. Soit dit en passant, quel étrange privilège pour le village d’accueillir de telles nouveautés !

La « facilité » n’est pas le propre de cette troupe un peu masochiste qui s’éreinte sur de tels morceaux de bravoure. Mais Frédéric Richaud, metteur en scène (et comédien d’Eclats de Scènes), ne fait pas dans l’à-peu-près. « Pas question que je les lâche sur scène tant qu’ils ne sont pas prêts. Une précédente expérience encourageante en milieux scolaires m’a suggéré d’embarquer des adultes dans l’aventure », m'a-t-il confié en coulisses.

L’angoisse alimente le jeu

Quatorze comédiens ont dû surmonter leur angoisse. Le résultat est convaincant. D’une seule traite, sans temps mort ni cafouillage, durant près de 2 heures, ils ont réincarné ce fait divers élevé au rang de tragédie moderne par la science du théâtre, où un jeune parricide persiste et signe en violant et tuant tout ce qui bouge autour de lui. 

L’énigme, qui en reste une, nous épargne la recherche vaine du pourquoi et comment.

Reste le plaisir d’un jeu intense, d’une mise en scène alerte, de mouvements de groupe épurés et, détail savoureux, ces ponctuations musicales puisées chez Haendel (Lascia ch'io pianga), un chant d’une beauté poignante, choisi par Frédéric Richaud, comme pour exorciser l’horreur d’une fatalité contemporaine.