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Elvis Presley (1935-1977) est mort à 42 ans. Il aurait aujourd’hui plus de 80 ans. Imagine-t-on le King à cet âge-là ? Non. Il compte parmi les idoles impérissables, parties assez tôt pour échapper à toute décrépitude. Pour mieux survivre, la légende porte sur d’audacieux avatars qui endossent la personnalité et le répertoire du modèle.

C’est là, entre autres, qu’intervient Eryl Prayer, chanteur et sosie français qui, alors adolescent, écoute déjà Elvis Presley à la radio. Il intègre une chorale et la suit en Europe, s’essaie en solo dans les clubs et discothèques, jusqu’à ce que le Fan club d’Elvis le remarque. Un voyage à Memphis, berceau du King, l’imprègnera durablement, au point d’envisager une carrière, au début décriée par la critique, à contresens de la ferveur populaire qui a souvent une longueur d’avance.

De concerts percutants en émissions télé, via son fameux titre « Rock rebelle »,  Eryl Prayer forge sa gloire. La pure tradition du rock’n’roll en passe aujourd’hui par lui. Tant sur la hargne vocale que sur les rondeurs juvéniles et le visage poupin d’Elvis, la copie se nourrit de l’original et se singularise par une authentique réincarnation. Pris au jeu, le public en rajoute. D’âge volontiers respectable, les fans affluent et revivent leur dévotion initiale. L’affluence des Bollénois n’a pas échappé au phénomène, même si les bancs, sur la place, n’étaient pas complètement pleins.

Les absents, qui ont toujours tort, ont échappé là l’occasion de revivre une belle expérience : celle d’un grand rassemblement intergénérationnel où les plus jeunes, dubitatifs, peuvent s’interroger sur bon nombre de succédanés actuels du rock qui n’arrivent toujours pas la cheville du King.    J. P.