Brigitte Gardet, membre éminent de Jazz Action Valence.

Sur l'initiative d'Isabelle Royer, prof de chant anti-routinière, et donc en partenariat avec l'école de musique drômoise Jazz Action Valence, le conservatoire de Bollène vient de nous gratifier d'un extraordinaire intermède polyphonique qui défie les lois confortables d'une audience courante. Ici, point de mélodie enjôleuse ni d'arpège complice.

Pas de paroles ostentatoires, mais un flot savoureux d'onomatopées, chuchotements, cris, soupirs, râles extatiques. Rythmée par des claquements de pieds et de mains sporadiques, la ligne mélodique s'accommode volontiers de dissonances et de quarts de ton insidieux. L'auditoire stupéfait infiltre alors les conciliabules d'étranges choristes qui racontent bel et bien une histoire, rehaussée d'humour par d'irrésistibles mimiques.

Après un mini-stage de deux jours, une quinzaine d'élèves du conservatoire de Bollène a eu le temps d'ingérer ce curieux intermède musical et de le restituer devant un public à la salle Brassens. Il était suivi d'une démonstration conséquente par un chœur mixte, Les Ouates, spécialiste du genre. Le tout dirigé par Brigitte Gardet, membre éminent de Jazz Action Valence, par ailleurs à la tête de plusieurs autres formations musicales. Où va-t-elle chercher tout cela ?

"De jacques Brel aux polyphonies bulgares, la voix est une passion que je partage, explique-t-elle. C'est un mélange de chants existants. J'arrange et j'improvise selon les groupes et les voix du moment. Ce soir, pour Bollène, c'était à partir de morceaux traditionnels d'Italie, d'Ecosse, de Géorgie, de Bulgarie... Pas d'instruments ni de matériel. Un chant a capella et quelques percussions corporelles suffisent. Rien à transporter. Nous n'avons que nous !"

Loin d'en être un, au contraire, ce minimalisme original et très fort jongle avec des bris acoustiques cocasses, glanés dans le monde, qui prolongent ici l'enseignement d'un conservatoire décoincé.    J. P.  

A consulter : www.brigittegardet.com