Bien plus qu'une
simple formalité administrative, la récente assemblée
générale de l'association Aménager sans nuire à Bollène
et ses environs (ASNB) était l'occasion d'un
réquisitoire, comme l'explique le président Denis Maucci
: "Mon rapport d'activité pourrait être à la Prévert.
Il commence par Alcyon et ses effluves, ressenties
depuis plus de 20 ans par les Bollénois, et aboutit
aujourd'hui au projet d'un méthaniseur à Mondragon, qui
promet lui aussi des journées nauséabondes aux
Mondragonnais et Mornassiens. Tout cela entre l'usine
Suez et Pradier Millénaire, encore des nuisances dans un
territoire qui les reçoit toutes."
Inventaire des
nuisances
Toute ouïe,
l'assistance était conviée au Domaine de La Tapie
(proche de l'éventuel méthaniseur) pour suivre le rappel
des actions développées par l'ASNB. Contre le Centre de
valorisation des déchets Alcyon à Bollène : des
signalements à Atmosud restent vains. De guerre lasse,
les riverains s'habituent aux nuisances, c'est ce qui
profite aux exploitants.
Contre l'usine Suez à
Bollène qui traite des boues dont 70% provenant
des stations d'épuration du Vaucluse et 1 500 tonnes de
l'agglomération niçoise. Des nuisances olfactives ont
été signalées. Pas de suivi systématique, comme le
demande l'ANSB qui rappelle toutefois l'obtention de
deux millions d'euros de travaux d'amélioration pour
diminuer les nocivités.
Contre Pradier
Millénaire, producteur de matériaux du bâtiment : les
riverains ont signalé des poussières. La DREAL et la
DDPP ont été averties. D'où des inspections et des mises
en demeure par la préfecture. Des travaux de mise aux
normes ont suivi, mais des camions chargés et non bâches
circulent toujours. L'ANSB souhaite une analyse
qualitative des émissions de poussières, par crainte de
risques de silicose et de cancer pour les riverains.
Voir le communiqué de la trésorière Marie-Claude
Bertrand
(cliquer ici).
Contre le projet
d'aménagement d'un méthaniseur à Mondragon, appelé à
recevoir les déchets de 220 000 habitants du sud et
centre de l'Ardèche et du sud de la Drôme, prétendument
qualifiés bio-déchets, alors que sont décelées des
particules de plastiques dans les digestats épandus sur
les terres agricoles. Une provenance de 15 000 tonnes
démontre qu'il ne s'agit pas d'un projet agricole, mais
d'un projet industriel, risquant à terme de s'agrandir,
d'autant que d'autres prétendants souhaitent déposer
leurs déchets.
Porteuse du projet,
depuis 2022, la société Methalcyon accueille l'adhésion
de la CCRLP et celle du Syndicat des Portes de Provence,
chargé du traitement des ordures ménagères du sud de la
Drôme. Cette coalition chiffonne l'ANSB, car elle enlève
un épine du pied des élus drômois refusant une telle
usine sur leur territoire, suite à la forte opposition
de la population.
Une alerte soutenue
L'ANSB a
successivement organisé quatre conférences avec des
scientifiques indépendants : Daniel Chateignier,
(chercheur au CRNS), Georges Truc (géologue et
hydrologue), Françoise Beaumont (Agriculture et
environnement), Jean-Marie Triat (ex-hydrologue). Ce
dernier souligne un risque pour la nappe phréatique et
l'alimentation en eau potable à 65 000 habitants. D'où
un courrier, sans grand écho, pourtant adressé aux
représentants des communes adhérant au Syndicat
Rhône-Lez-Ouvèze (RAO). Autre risque : l'appellation
d'origine contrôlée (AOP) incompatible avec l'épandage
de digestats douteux.
Autres actions
multiples : remise au sous-préfet et au directeur de la
DREAL d'une pétition contestataire d'un millier
d'habitants de Mondragon et Mornas, quatre permanences
d'informations dans les mairies, soutien indéfectible de
Katy Ricard (maire de Mornas), interventions dans les
marchés environnants, rassemblement des cyclistes au
secours de l'itinéraire Via Rhôna compromis, opposition
d'une modification du Plan local d'urbanisme (PLU) en
faveur de la construction d'un méthaniseur au quartier
de La Tapie, etc.
D'autre part, citons
encore la formation de 30 sentinelles de la nature,
chargées de signaler des atteintes à l'environnement
(dépôts sauvages et autres). "Le Haut Vaucluse n'est
pas destiné à devenir la poubelle du département et des
régions limitrophes", souligne le président Denis
Maucci, qui rappelle le cumul des nuisances déjà
existantes : chemin de fer PLM, TGV, Nationale 7,
autoroute, gravières, traitement de boues, lignes de
haute tension... Mieux vaut empêcher de nouvelles
installations néfastes que combattre difficilement les
nuisances.
L'ASNB remercie ceux
(trop peu nombreux) qui ont souscrit financièrement pour
assurer une éventuelle défense juridique. Merci aussi à
France Nature Environnement pour son soutien.
J. P.