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Ville de Mondragon |
L'histoire de la Coopé par Jacques Brunel |
Janvier 2022 |
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Ces tranches de vie surgissent du siècle dernier, traversent deux conflits mondiaux, extirpent leur propre histoire des démêlés sociaux, pour aboutir à l'évocation succincte d'une boulangerie de village au bon pain fédérateur. Ce condensé couvre une soixantaine de pages sur papier glacé, décline l'identité d'intervenants multiples, s'illustre de photographies anciennes, ravive la fibre cocardière des aînés. A leurs yeux, Jacques Brunel, historien local, ressuscite ainsi de simples faits de la vie quotidienne, sacrifiés sur l'autel du progrès. Le village compte alors de nombreux commerces dont douze épiceries, trois boucheries, trois bars, trois boulangeries, etc. "Aller à la Coopé", dont le nom se substituait à celui de la rue Henri Barbusse, était un acte citoyen au-delà du repas. Voilà qui reste sans doute un exemple de coopération caduque pour les jeunes générations, rompues aux nouveaux modes de consommation qui désertifient le cœur des cités en délogeant les commerces, concentrés sur des périphéries sans âme. On y va forcément en voiture pour faire le plein d'un caddy hebdomadaire, au mépris des rencontres des citadins, jadis affairés par le plein journalier de la marmite, via la Société coopérative de consommation de Mondragon, dite familièrement "La Coopé", qui ne proposait pas seulement du pain, mais occasionnellement divers produits locaux de première nécessité. Pour en bénéficier, il fallait être sociétaire, titulaire d'un carnet mentionnant les achats. La qualité au meilleur prix prévalait sur le profit. De telle sorte que, si la trésorerie le permettait, le règlement mensuel se traduisait par une gratuité surprise ajoutant au fumet du prochain repas dominical amélioré. Ces épisodes festifs émaillaient la vie courante. Cet altruisme palliait aussi les rigueurs de la seconde guerre mondiale en offrant le pain. Cette belle histoire s'étale sur presque 9 décennies. Elle débute en 1901 et s'achève en 1987. Elle a, bien sûr, connu des hauts et des bas, brassé tout un dispositif humain fait de présidents, conseils d'administration, sociétaires, voire d'une clientèle "volante" équilibrant les finances. Le mouvement coopératif a fléchi devant de nouvelles aspirations, favorisant la croissance et la régulation mondiale. En 1987, c'est la dissolution. Alors derniers gérants, le couple Munoz reprend une boulangerie indépendante, tenue jusqu'en 2009. Racheté par la municipalité, le bâtiment vétuste est démoli en 2015 pour favoriser l'accès à la place Jean-Henri Fabre et à la nouvelle Poste, construite à cet endroit. Porté à notre connaissance en avant-première, cet ouvrage fera l'objet d'une parution officielle par la Ville dès que le permettra la situation sanitaire. Contact : jacques.brunel7@orange.fr J. P. |
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